Cinquante ans après les travaux de John Black, le chercheur français Olivier Berné et son équipe viennent de faire une découverte majeure : la présence du cation méthyle.
Un chercheur français, Olivier Berné, et son équipe ont récemment effectué une découverte majeure en utilisant le télescope spatial James Webb. Depuis 50 ans, la communauté scientifique cherchait en vain cette molécule, et cette découverte pourrait potentiellement expliquer la formation de la vie dans l’univers. Les recherches se sont concentrées sur un disque protoplanétaire situé au cœur de la nébuleuse d’Orion.
L’équipe d’Olivier Berné a identifié une molécule cruciale dans la formation de la vie, appelée cation méthyle (CH3+). Cette particule est considérée comme la « pierre angulaire de la chimie interstellaire » par les scientifiques, car elle permet d’expliquer la formation des molécules organiques observées dans l’univers.
Lors des premiers échanges avec Olivier Berné il y a quelques mois, il avait mentionné une découverte surprenante, mais il lui avait fallu encore quelques semaines pour comprendre qu’il s’agissait du fameux cation méthyle.
Cette molécule est célèbre depuis les années 70 grâce aux travaux de l’astronome suédois John Black, qui avait prédit la présence abondante du cation méthyle. Les estimations faites dans son modèle il y a un demi-siècle s’avèrent aujourd’hui prophétiques, correspondant parfaitement aux observations d’Olivier Berné et de son équipe.
Cation méthyle : le maillon manquant
Le cation méthyle a été détecté autour d’une naine rouge au sein d’un système stellaire très jeune. Les planètes autour de cette étoile ne sont pas encore formées, mais un disque de matière tourne rapidement autour d’elle. Situé à environ 1350 années-lumière de la Terre, ce système pourrait potentiellement abriter la vie dans quelques milliards d’années.
Lors de l’observation de ce système, Olivier Berné a découvert plusieurs paramètres intéressants. Dans l’article publié dans la prestigieuse revue Nature, il explique que la naine rouge est située à proximité d’étoiles massives. Ces étoiles émettent un rayonnement ultraviolet puissant qui a tendance à rompre les molécules.
Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que ce rayonnement empêchait la formation de particules complexes. Cependant, cette certitude est aujourd’hui remise en question. Selon le chercheur, « le rayonnement ultraviolet modifie profondément la chimie en jeu dans ces systèmes ».
Ces modifications pourraient être bénéfiques pour favoriser le développement de la vie dans un système stellaire. Selon Olivier Berné, le cation méthyle aurait lui-même été créé par le rayonnement ultraviolet des étoiles voisines. Dans quelques milliers d’années, des molécules plus complexes pourraient émerger dans ce même disque protoplanétaire. Lorsque le disque se refroidira suffisamment pour se solidifier, il donnera naissance à des planètes. Certaines de ces planètes, grâce aux molécules avancées présentes dans le disque, pourraient potentiellement abriter la vie. Ce scénario aurait pu se produire sur Terre il y a quelques milliards d’années lors de la formation de notre propre système solaire.